Enfants tyrans, enfants en souffrance ?

Enfants tyrans, enfants en souffrance ?

 d’après l’émission les maternelles

Il y aurait un plus grand nombre de familles confrontées aux « enfants tyrans » ; ce serait des familles particulièrement sensibles aux besoins de leurs enfants.

Les profils à risque : parents âgés, parents adoptant, problème de santé, enfant unique, enfant plus investi…

Les parents ont souvent honte, peur du jugement et s’isolent ; d’autant plus qu’en général, l’enfant se tient très bien à l’extérieur de chez lui et donc les retours sur lui sont très positifs = incompréhension de l’entourage et des parents…

Ces enfants sont capables de respecter les règles à l’extérieur et font donc un effort d’adaptation ; quand ils reviennent chez eux, ils se sentent en sécurité et expriment les symptômes.

Ces enfants peuvent avoir un certain manque de confiance en eux.

Ces enfants sont souvent très coléreux et ont pris le pouvoir à la maison ; les parents en ont peur et s’adaptent à leurs comportements.

Ces enfants ont des troubles du comportement = difficultés pédopsychiatres et non uniquement éducatives.

Troubles : gestion des émotions, déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, anxiété, peur de la séparation, de l’abandon, toc, dys, troubles autistiques…

Ces enfants sont toujours en demande de réparation, de considération (à l’adolescence particulièrement) et sont très sensibles aux injustices.

Le suivi pédopsychiatrique est important pour ces enfants.

C’est important que les parents consultent eux aussi pour se déculpabiliser.

Pour enrayer la dynamique des conflits et de la violence :

  • Le parent doit maîtriser ses émotions (ne pas se mettre en colère, ne pas montrer qu’il a peur…)
  • Il doit exprimer qu’il doit prendre un temps pour réfléchir = partir pour ne pas être envahi par les émotions de son enfant ni les siennes (« ce qui vient de se passer est grave ; j’ai besoin de temps pour réfléchir quelle suite je vais donner à ces paroles, à ces actes… »)
  • Revenir en faisant un sitting dans la chambre de l’enfant = réfléchir ensemble à une solution de manière posée

Si le parent réagit par la violence ou la soumission = échec total et c’est l’enfant qui continue d’avoir le pouvoir.

Si le parent sent qu’il va s’énerver : il faut qu’il parte.

Quand le conflit arrive, le parent doit savoir s’il peut avoir environ 30 minutes de sang froid sinon il risque d’échouer encore une fois face au conflit.

Les parents peuvent apprendre la résistance non violente et faire une thérapie comportementale et cognitive visant notamment le renforcement positif (= valorisation de son enfant)

Il est important aussi que les parents sortent du secret car ça renforce le sentiment de toute-puissance de leur enfant : parler à leur entourage. Maillage autour de l’enfant qui l’oblige à changer (ex : mettre au courant une personne d’un conflit et lui demander d’appeler l’enfant pour en discuter)

Il n’est jamais trop tard pour agir !!!

 

La médication peut également beaucoup aider ces enfants (méthylphénidate, Ritaline®)

L’hyperactivité présente en revanche des risques : une étude dans l’armée suisse a montré que les jeunes gens qui ne prenaient pas de la Ritaline® depuis leur enfance étaient davantage consommateurs de cannabis que les autres.




Les dix principes directeurs, dans l’éducation des enfants atteints du TDA/H de Russel Barkley.

 


L’éducation et l’encadrement d’un enfant atteint du TDA/H implique trois choses :

  • Faire une pause avant de réagir au mauvais comportement de l’enfant;
  • Utiliser ce délai pour vous rappeler ces principes;
  • Choisir une réponse qui tienne compte de ces principes.

 

1) Donner rapidement à l’enfant davantage de rétroaction (feedback) et appliquer plus de conséquences immédiates

Les enfants atteints du TDA/H semblent ne vivre que dans le présent beaucoup plus que les autres enfants. En conséquence, ou bien vous faites partie de ce moment présent, ou bien vous aurez bien peu d’influence sur l’enfant.

Une rétroaction positive peut se donner sous forme de félicitations et de compliments tout autant que vous exprimez précisément et spécifiquement ce que l’enfant a fait de positif. Cela peut aussi se faire sous forme de manifestations physiques d’affection. Dans certaines situations, la reconnaissance impliquera des récompenses telles que des privilèges supplémentaires, ou des systèmes par lesquels l’enfant gagnera des points lui permettant d’obtenir des privilèges. Au-delà du type de la rétroaction donné, c’est l’immédiateté qui assure une plus grande efficacité.

De la même façon, l’enfant doit recevoir immédiatement une rétroaction négative modérée et les conséquences appropriées après avoir rudoyé ou frappé un autre enfant par exemple. Il faut alors dire à l’enfant exactement ce qu’il a fait de mal (plutôt que de crier après lui), et pourquoi cela n’est pas acceptable; puis enlever à l’enfant un privilège auquel il avait accès pour cette journée-là ou des jetons déjà gagnés.

 

 2) Donner plus fréquemment de rétroaction  à l’ enfant

Les enfants ont besoin de rétroaction et de conséquences qui sont non seulement rapides mais également fréquentes. Des conséquences ou une rétroaction immédiates peuvent être utiles même si elles sont données occasionnellement, mais elles seront d’autant plus efficaces qu’elles seront données fréquemment.

Par exemple, pendant le travail de l’enfant, on peut le féliciter fréquemment pour demeurer centré sur la tâche et l’encourager ainsi à poursuivre ses efforts.

 

3) Utiliser des conséquences plus grandes et plus puissantes

Afin de l’encourager à accomplir sa tâche, à respecter les consignes ou à bien se comporter, l’enfant a besoin de conséquences plus significatives, plus puissantes que les autres enfants. Ces conséquences peuvent comprendre des manifestations physiques d’affection, des privilèges, des petites gâteries, des jetons ou des points, des récompenses matérielles telles que des petits jouets ou des articles de collection et même, occasionnellement, de l’argent.

Ceci peut sembler à première vue aller à l’encontre de la règle de base voulant que les enfants ne doivent pas recevoir trop souvent de récompenses matérielles parce que de telles récompenses peuvent remplacer les récompenses intrinsèques telles que le plaisir de lire, de faire plaisir à ses parents et amis, la fierté de maîtriser une nouvelle tâche ou activité, ou encore l’appréciation de ses pairs pour avoir réussi à bien jouer un nouveau jeu. Mais la nature du handicap de l’enfant requiert d’utiliser des conséquences plus importantes, plus significatives et, quelquefois davantage de récompenses matérielles pour l’aider à développer et à maintenir les comportements positifs souhaités.

 

 4) Utiliser le renforcement positif avant la punition

La plupart du temps, les parents recourent à la punition lorsque leur enfant se comporte mal ou désobéit. Une telle approche n’est pas indiquée du tout dans le cas d’un enfant atteint d’un TDA/H qui, selon toute vraisemblance, se comportera mal beaucoup plus souvent et qui se verra appliquer beaucoup plus de conséquences négatives qu’un autre enfant. La punition, utilisée seule ou en l’absence de récompenses régulières et d’un feed-back positif, n’est pas très efficace lorsqu’il s’agit de modifier le comportement. La méthode punitive entraîne généralement du ressentiment et de l’hostilité chez l’enfant et, éventuellement, de l’évitement de sa part à votre égard. Quelquefois, cela peut même mener à du contre-contrôle de la part de l’enfant qui cherchera des façons de se venger, qui voudra exercer des représailles ou vous remettre la monnaie de votre pièce.

Il est essentiel d’éviter cette dérive vers l’utilisation, en premier lieu, de la punition. Il s’agit de bien se rappeler que l’enfant reçoit plus que sa part de réprimandes, de punitions et de rejet de ceux qui ne comprennent pas son handicap. De façon générale, les récompenses et les mesures incitatives sont ce qu’il y a de mieux pour l’aider à apprendre ce que vous attendez de lui.

La règle qui veut que l’on recoure aux encouragements avant les punitions et les réprimandes est simple. Si l’on veut changer un comportement inacceptable, il faut d’abord décider du comportement par lequel on veut le remplacer. Ceci va instinctivement amener à porter attention au comportement recherché. Lorsqu’il se produira, on pourra alors le souligner et le récompenser.

C’est seulement après avoir récompensé de façon continue pendant au moins une semaine ce nouveau comportement que l’on pourra commencer à punir le comportement opposé indésirable. Et, même là, tenter de n’utiliser des punitions que de faible sévérité telles que la perte de privilèges ou la privation d’activités spéciales, ou encore un court temps-mort.

Garder un ratio de récompenses favorable, par exemple, seulement une punition pour toutes les deux ou trois occasions de félicitations et de récompenses.

 

5) Etre conséquent et constant

À chaque fois qu’il est nécessaire de gérer le comportement de votre enfant, il s’agit d’utiliser les mêmes stratégies.

Être constant implique quatre choses :

  • Être constant dans le temps;
  • Ne pas abandonner trop tôt quand un programme de modification du comportement est commencé;
  • Continuer à réagir de la même façon, maintenir le cap, même dans un contexte différent;
  • Faire équipe avec les autres intervenants, le conjoint…

Être imprévisible ou capricieux dans l’application des règles convenues est gage d’échec. Avant de conclure qu’un programme de modification du comportement ne fonctionne pas, il est bon de l’essayer pendant au moins deux semaines.

 

  1. Arrêter de se plaindre et agir

Tel que précédemment mentionné, l’enfant est très souvent intelligent, ne manque pas d’habiletés et est capable de raisonnement. C’est pourquoi de simplement discuter avec lui ne changera rien au problème neurologique sous-jacent qui entraîne le manque d’inhibition.

L’enfant qui présente des troubles de déficit de l’attention est bien davantage sensible aux conséquences prévues et au feed-back donné, et beaucoup moins sensible au raisonnement et à la discussion logique, qu’un enfant qui n’est pas atteint du TDA/H.

C’est pourquoi, en agissant aussi rapidement et fréquemment que nécessaire, il y aura une amélioration dans le comportement de l’enfant. Discuter et parler avec lui au lieu d’agir ne fait qu’entraîner la dégradation de son comportement plutôt que la conformité souhaitée.

 

 7) Planifier les situations problématiques

S’il est impressionnant de constater la capacité des parents, lorsqu’on leur demande, de préciser les situations où les choses seront difficiles avec leur enfant, il est encore plus surprenant de constater combien peu d’entre eux utilisent cette capacité à bon escient. Pourquoi alors ne pas l’utiliser afin d’anticiper les situations problématiques et prévoir des solutions à ces situations?

Suivre ces cinq étapes très simples avant de faire face à une situation problématique :

  1. Tout juste avant d’entrer dans un endroit susceptible de provoquer une situation problématique, tels que magasin, restaurant, église ou la résidence d’un ami, s’arrêter.
  2. Revoir avec l’enfant deux ou trois des règles qu’il a de la difficulté à suivre dans la situation. Par exemple, pour le magasin, la règle peut être :  » Tu demeures près de moi, tu ne me demandes rien, et tu fais comme je te dis « ; aucune longue explication, simplement un bref rappel des règles. Puis, tout simplement, demander à l’enfant de vous répéter ces quelques règles.
  3. Prévoir la récompense, le moyen d’incitation; par exemple, arrêter pour une crème glacée, en retournant à la maison, parce que l’enfant a respecté les règles prévues.
  4. Expliquer la punition qui sera utilisée, telle que retrait de points ou de privilèges.
  5. Suivre le plan prévu dès le début de la situation en cause et donner à l’enfant du feed-back rapidement et fréquemment. Et, s’il le faut, appliquer rapidement les conséquences prévues pour tout manquement aux règles.

 

 8) Gardez toujours à l’esprit les difficultés de maturation ou les inaptitudes de l’enfant

  Parfois, quand ils sont confrontés à un enfant difficile atteint d’un TDA/H, les parents peuvent perdre toute perspective du problème de base. Il faut toujours se rappeler qui est l’adulte, l’éducateur et l’entraîneur de cet enfant avec les inaptitudes qui sont les siennes. Si l’un des deux doit garder son calme, c’est très clairement l’adulte.

Pour ce faire, essayer de maintenir une certaine distance psychologique par rapport aux problèmes que vit l’enfant. S’imaginer être un étranger afin de pouvoir percevoir la situation telle qu’elle est réellement, l’effort que fait un parent face à un enfant difficile dans son comportement.

 

 9) Ne pas personnaliser les problèmes de l’enfant

Eviter de conclure à une incompétence personnelle parce que la situation tourne mal ou ne tourne pas comme souhaité. Autant que possible, garder son calme et faire preuve d’humour face au problème et, surtout, appliquer les principes énoncés ci-dessus dans ses réactions avec l’enfant.

Quelquefois, cela peut même vouloir dire de se retirer physiquement de la situation momentanément, par exemple, en quittant la pièce pour se ressaisir et afin de reprendre le contrôle de ses émotions.

 

10) Pardonner

Il s’agit ici du principe le plus important, mais aussi de celui avec lequel il est le plus difficile d’être quotidiennement en harmonie

Pardonner demande trois choses :

Premièrement, chaque soir, après avoir mis l’enfant au lit ou avant de se retirer pour la nuit, prendre le temps de revoir le déroulement de la journée et de pardonner à l’enfant pour les manquements de la journée. Se débarrasser de sa colère, de son ressentiment, de sa déception, ou de toute autre émotion négative résultant du mauvais comportement ou des manquements de l’enfant au cours de la journée. L’enfant ne peut pas toujours contrôler ce qu’il fait et a droit au pardon.

Deuxièmement, pardonner aux personnes qui, aujourd’hui, ont pu mal interpréter ou mal comprendre le comportement de l’enfant, et ont agi ou réagi d’une manière blessante, ou qui ont tout simplement conclu trop rapidement que l’enfant était, comme ils le croyaient, paresseux ou qu’il manquait de motivation.

Agir pour apporter toutes les mesures correctives requises, et continuer à prendre fait et cause pour l’enfant.

Finalement, s’entraîner à se pardonner ses propres erreurs dans la gestion quotidienne du TDA/H. Les enfants atteints d’un TDA/H réussissent, contre leur gré, à faire sortir ce qu’il y a de pire chez leurs parents, de sorte que ceux-ci se sentent terriblement coupables de leurs erreurs. Sans croire qu’ils pourront indéfiniment répéter ces erreurs sans en subir de conséquences, il ne faut pas donner prise à ces sentiments de culpabilité, de honte, d’humiliation, de ressentiment ou de colère qui accompagnent cette forme d’auto-évaluation, mais plutôt les remplacer par une évaluation réaliste de sa performance comme parent ou éducateur pour la journée, en identifiant les pistes d’amélioration et en s’engageant à mieux faire demain.