Je t’en veux, je t’aime

Je t’en veux, je t’aime ou comment réparer la relation à ses parents

 d’Isabelle Filiozat

Le pardon n’est pas un outil nécessaire à la guérison des blessures. Il peut soulager mais donner une illusion de libération. Le pardon est en revanche utile à la restauration de l’intimité.

Il faut croire en la réconciliation ; il faut recréer du dialogue, du lien.

Oser dire les frustrations, peines, malentendus pour assainir la relation ; sinon : sujets tabous, relations superficielles, ennui (symptôme de refoulement émotionnel)

La relation parents/enfants demande des capacités relationnelles phénoménales : on change toute sa vie !

« Les attitudes exaspérantes sont des tentatives de contact ».

Attention à nos interprétations !!! A l’enfermement des personnes dans un rôle, une attitude.

La plupart des insultes sont des projections. Derrière une insulte se cache toujours une blessure, un besoin ou une émotion.

La violence n’est pas une méthode de résolution des conflits.

La honte est toujours associée à une carence affective (peur de perdre l’estime des autres).

Secrets, non-dits, tabous = toujours source de souffrance. L’enfant sait qu’on lui cache quelque chose.

Quand un parent donne une punition disproportionnée sous le coup de la colère, il est du devoir de l’autre de rétablir une punition adaptée. On peut expliquer ses décisions, paroles sans être discrédité.

Déculpabiliser l’enfant en soi qui a été violenté ou mal aimé = accepter de comprendre pourquoi le parent a agi ainsi, sans se responsabiliser.

Quand on devient parent : réémergence de sa propre histoire (projections…)

La colère est réparatrice. C’est une émotion qui recoud la blessure et aide à restaurer l’intégrité. Il y a plusieurs temps dans l’expression de la colère. Elle doit passer de l’agression à la construction. Une fois la colère exprimée, il y a possibilité de réconciliation avec les parents.

La colère part du centre de soi, repousse l’agresseur et répare.

En tant que parent, la colère de l’enfant peut être très difficile à entendre car le parent peut trouver intolérable de ne pas être arrivé à comprendre son enfant.

Frapper son enfant en disant « c’est pour ton bien », c’est associer la violence à quelque chose de positif. Le message reçu par l’enfant est donc très contradictoire et très perturbant.

Les enfants n’ont pas à être redevables de l’éducation qu’ils ont reçue. Pas de gratitude. Nos parents ne sont pas nos supérieurs.

Pour guérir de nos souffrances, il faut identifier le symptôme comme une blessure et non comme une partie de notre identité.

On ne peut changer que ce sur quoi nous avons du pouvoir = sortir du rôle de victime.

L’idéalisation des parents est un piège : refoulement, oubli, victimisation… c’est un mécanisme de défense inconscient pour éviter de trop souffrir. L’idéalisation est une tentative désespérée de réparer le parent, conserver l’illusion de bon parent aimant. Moins il y a d’amour, plus il y a idéalisation.

Nos symptômes sont la partie émergée de l’iceberg de nos conflits intérieurs. Ce sont des conséquences et non des causes de nos malheurs.

L’enfant se donne pour mission inconsciente de soulager ses parents d’un trop-plein de violence en eux. Il les pousse à bout pour que les parents laissent échapper un peu de pression de la cocotte-minute

Asthme chez l’enfant est lié à une perception de l’angoisse de la mère qui n’a pas exprimé ses émotions, colères envers ses propres parents. Epargnant ses parents, elle porte son angoisse sur son enfant. C’est un processus complexe et inconscient = ne pas culpabiliser la mère.

Le sentiment d’amour se nourrit. Il n’est pas là pour toujours. Plus on se parle, plus on s’aime.

On projette sur nos parents la peur de leur faire du mal en exprimant nos ressentis sur notre passé alors qu’en réalité on a peur d’eux.

Sans jugement, accusation, culpabilisation = on peut tout dire à ses parents.

Parfois, l’individu ne veut pas avancer vers la colère et la réconciliation (car il pense donner raison à ses parents s’il s’engage dans cette voie) et garde, du coup, la rancœur.

Le suicide est à la fois une quête d’amour (l’enfant espère qu’il va manquer à ses parents), une vengeance (ils m’ont fait tellement mal qu’ils vont le regretter) et une soumission (puisqu’ils ne m’aiment pas, je disparais).

L’adolescent doit tourner le dos à ses parents. Ces derniers doivent être à l’écoute au-delà des revendications apparentes (souffrance, insécurité, etc.)

Pour se tourner vers soi-même, pour devenir un individu, on a besoin de tourner le dos à ce qui a été appris et se séparer.

Beaucoup de tensions, gênes, rigidités peuvent être liées à différentes souffrances de l’enfant ou l’adolescent. Le corps s’en souvient ; on peut les laisser s’exprimer pour « dégager » son corps.

Quand les émotions n’ont pas été exprimées, la simple évocation de la blessure fait remonter le refoulé.

La mémoire et les émotions sont très liées. Parfois on ne se souvient pas car inconsciemment on ne veut pas retrouver les émotions de l’époque (colère, comportement inadapté…)

Il faut souvent du temps pour rencontrer son/ses parents pour un vrai échange.

Les jugements dissimulent les blessures non guéries, les émotions refoulées =  déplacement du vrai problème.

La rencontre avec les parents ne guérit pas l’enfant. Elle permet la réconciliation, la réparation de la relation. La guérison de l’enfant lui appartient.  L’enfant peut donc guérir même si ses parents sont défunts.

Nombre de parents ne savent pas qu’ils n’aiment pas leurs enfants. Ils éprouvent de l’attachement mais pas d’amour. Confusion entre sacrifices, apports matériels, etc. et… AMOUR !!