Le compromis dans la relation de couple
Il est communément admis que le compromis fait parti d’une des composantes de la relation de couple. Pour autant, il n’est pas si clair de savoir si on fait les « bons » compromis, si on en fait trop, pas assez…
Peut-être que nous pouvons démarrer cette réflexion en prenant la définition du Larousse comme référence : le compromis est « une action qui implique des concessions réciproques ».
Faire des concessions… ça veut donc dire que le couple n’est pas une relation totalement harmonieuse, sans désaccord, sans nuage… ? Evidemment, me direz-vous, et il paraît effectivement raisonnable de le penser ainsi.
Pour autant, accepter la compromission, c’est faire en partie le deuil de quelque chose. Mais il est parfois bien difficile de savoir si la concession que je fais est acceptable pour moi, si je me respecte.
La question de l’acceptabilité du compromis se pose alors à plusieurs niveaux :
- Acceptable sur une échelle d’importance = par exemple, je ne vais pas vivre de la même manière le fait de regarder un film que je n’ai pas choisi ou de renoncer à passer une soirée entre amis. Mais cette réalité est la mienne et peut-être que, pour mon conjoint, dans son référentiel, il est plus dur de regarder un film non choisi que de refuser une soirée en amis.
Il est alors courant que, dans les couples, nous ne soyons pas d’accord sur le niveau d’importance que nous accordons aux choses, c’est pourquoi il est très possible que ce qui coûte en efforts à l’un paraisse anecdotique à l’autre (et inversement).
Pour autant, quand nous nous situons sur une échelle d’importance, nous pouvons considérer que le compromis est plutôt acceptable.
Acceptable sur un échelle de réciprocité (on a vu plus haut que le compromis est une action impliquant des concessions réciproques) = si c’est toujours ou très souvent la même personne qui doit « plier » ou renoncer à ses choix premiers pour accepter ceux de l’autre, il se peut que, dans la durée, un sentiment d’injustice, de la rancœur, de la colère, une dépression, une infidélité, une séparation ou autre survienne.
Sans pour autant entrer dans une comptabilité de « qui a fait le plus de compromis ? », qui est difficilement quantifiable, il apparaît important quand même de se demander quelles conséquences la fréquence et l’inégalité vécues de la compromission peut avoir au sein du couple.
- Acceptable sur une échelle de valeur = la question ici est de savoir si nous renonçons à un désir ou un besoin car les enjeux ne sont pas du tout les mêmes.
Renoncer à des désirs fait parti d’une réalité : nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous désirons. Par exemple, nous ne sommes pas d’accord sur les critères de location d’une maison de vacances (piscine, proche de la mer ou autre) ; je décide d’accepter le choix de mon conjoint ce qui m’amène à renoncer au mien. Je vais donc quand même partir en vacances mais ne vais pas cocher toutes les cases de mes désirs.
En revanche, renoncer à des besoins implique un renoncement à soi-même. Par exemple, le besoin de lien social, s’il est bafoué voire interdit par l’autre est une grande violence pour soi. Un besoin n’est pas un caprice ou un désir auquel on peut renoncer. Un besoin est un incontournable pour soi, pour son équilibre de vie. Faire le choix de ne pas écouter un besoin est un grand risque personnel car la conséquence peut être très grave.
Pour information, nous pouvons nous-mêmes renoncer à nos propres besoins ; il s’agit de destruction personnelle, « d’auto-sabotage ». Dans ce cas, il semble important de faire appel à un professionnel pour comprendre quels mécanismes se mettent en place en nous et comprendre pourquoi nous enrayons systématiquement notre droit au bonheur.
Pour conclure sur le thème du compromis, il convient alors de clarifier pour soi et pour l’autre, ce qui demande des efforts, ce qui semble équilibré et déséquilibré, ce qui est de l’ordre du désir ou du besoin. Cette dernière notion me paraît particulièrement importante pour ne pas se renier soi-même et éviter d’adhérer à des situations inacceptables.
La compromission devrait alors pouvoir se vivre comme un renoncement acceptable au cœur d’une relation équilibrée et épanouissante grâce à une communication claire à ce sujet.