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Un regard sur ...

Il peut paraître évident ou inutile de dire qu’une composante essentielle d’une relation saine est principalement basée sur le respect. Pourtant, nombre de personnes ne se respectent pas. Cette notion (comme toutes les autres) a une résonnance, une interprétation personnelle qui fait que, pour un même événement, quelqu’un pourra clairement exprimer : « elle m’a carrément manqué de respect ! » quand un autre affirmera : « moi, ça ne m’a pas choqué… »

Alors, il n’y a pas de définition officielle du respect ? Et bien non, manifestement. Des injures chez l’un ne sont pas le signes de manque de respect pour lui quand, chez l’autre, c’est véritablement une atteinte personnelle profonde qui est vécue.

Comment faire, de fait, pour savoir si ce que nous disons, faisons pour l’autre et ce que nous recevons de l’autre est respectable ?

Peut-être qu’un élément de réponse se trouve dans la façon dont nous nous respectons (ou pas) nous-mêmes. Il est très courant que les personnes ne s’autorisant pas à prendre soin d’elle (en se dévalorisant, en se sur/sous alimentant, en se faisant du mal au travers des addictions, etc.) vivent des relations dans lesquelles elles ne sont pas respectées.

La logique est la suivante : si la personne se dévalorise elle-même, elle ne croit pas (inconsciemment ou non) qu’elle puisse être valeureuse auprès d’une autre personne ; elle risque donc de rencontrer quelqu’un qui va lui confirmer qu’elle n’est pas digne de respect en ne la respectant pas ou peu. C’est un cercle vicieux qui ancre la croyance suivante : « il est normal qu’on ne me respecte pas ».

L’inverse est vraie aussi, heureusement ! Si je me respecte, je vais être beaucoup plus enclin à respecter l’autre dans la relation ; je vais donc naturellement me tourner vers des personnes qui vont me respecter et confirmer, du coup, que je suis respectable. C’est un cercle vertueux qui ancre la croyance suivante : « il est normal qu’on me respecte ».

Mais tout un chacun est évidemment digne de respect !

On voit ici que cette notion est alors reliée à l’estime de soi. Et on n’est pas tous égaux là-dessus, loin de là. Mais la bonne nouvelle est la suivante : le regard que l’on porte sur soi se travaille et n’est pas déterminé à vie par ceux qui nous ont élevé, les personnes bienveillantes ou malveillantes qui nous ont entourées dans notre enfance. C’est une chance incroyable pour chacun d’entre nous de pouvoir accéder à un respect de soi (et donc de l’autre et donc dans la relation à l’autre) afin de vivre une certaine sérénité relationnelle.

Cette opportunité est là, pour chacun. Parfois, elle nécessite un véritable accompagnement pour accepter de croire qu’on est vraiment une personne respectable. Parfois, il est possible de trouver sa ressource intérieure pour y aller. Mais, à chacun de vous, quelque soit la situation dans laquelle vous êtes, j’ai envie de dire :

Relevez la tête et trouvez-vous digne. Digne d’être en vie, digne d’avoir vos qualités et vos défauts, digne d’avoir vos besoins, vos désirs, vos rêves, digne d’être ce que vous êtes, digne d’aimer, digne de vous aimer dans le respect, digne d’être aimé(e) dans le respect.

En (re)trouvant votre propre respect, vous pourrez alors aussi trouver votre définition de ce qui acceptable ou non en lien avec l’autre et serez beaucoup plus en mesure de savoir si les relations que vous vivez s’inscrivent dans le respect de chacun.

Et je vous souhaite que vous puissiez dire ensuite que :

  • Vous dévaloriser n’est pas respectable
  • Vous dénigrer n’est pas respectable
  • Vous insulter n’est pas respectable
  • Vous humilier n’est pas respectable
  • Vous crier, hurler dessus n’est pas respectable
  • Vous nier n’est pas respectable
  • Vous instrumentaliser n’est pas respectable
  • Vous rendre responsable de tous les problèmes n’est pas respectable
  • Vous rendre totalement dépendant (socialement, financièrement, psychologiquement, affectivement) n’est pas respectable
  • Vous faire du chantage n’est pas respectable
  • Vous violer votre intimité n’est pas respectable
  • Vous frapper n’est pas respectable
  • Et j’en oublie certainement…

Mais je vous souhaite aussi que vous puissiez dire que:

  • Vous accepter dans votre intégrité (et donc avec vos différences) est respectable
  • Vous valoriser est respectable
  • Vous faire du bien moralement, psychologiquement, physiquement est respectable
  • Vous écouter est respectable
  • Vous faire de la place est respectable
  • Vous opposer (dire NON) quand cela est juste pour vous est respectable
  • Vous affirmer (dire OUI) quand cela est juste pour vous est respectable
  • Vous retirer de relations (conjugales, amicales, sociales, professionnelles) qui ne vous respecte plus est respectable
  • Et j’en oublie certainement…

Il est communément admis que le compromis fait parti d’une des composantes de la relation de couple. Pour autant, il n’est pas si clair de savoir si on fait les « bons » compromis, si on en fait trop, pas assez…

Peut-être que nous pouvons démarrer cette réflexion en prenant la définition du Larousse comme référence : le compromis est « une action qui implique des concessions réciproques ».

Faire des concessions… ça veut donc dire que le couple n’est pas une relation totalement harmonieuse, sans désaccord, sans nuage… ? Evidemment, me direz-vous, et il paraît effectivement raisonnable de le penser ainsi.

Pour autant, accepter la compromission, c’est faire en partie le deuil de quelque chose. Mais il est parfois bien difficile de savoir si la concession que je fais est acceptable pour moi, si je me respecte.

La question de l’acceptabilité du compromis se pose alors à plusieurs niveaux :

  • Acceptable sur une échelle d’importance = par exemple, je ne vais pas vivre de la même manière le fait de regarder un film que je n’ai pas choisi ou de renoncer à passer une soirée entre amis. Mais cette réalité est la mienne et peut-être que, pour mon conjoint, dans son référentiel, il est plus dur de regarder un film non choisi que de refuser une soirée en amis.

Il est alors courant que, dans les couples, nous ne soyons pas d’accord sur le niveau d’importance que nous accordons aux choses, c’est pourquoi il est très possible que ce qui coûte en efforts à l’un paraisse anecdotique à l’autre (et inversement).

Pour autant, quand nous nous situons sur une échelle d’importance, nous pouvons considérer que le compromis est plutôt acceptable.

Acceptable sur un échelle de réciprocité (on a vu plus haut que le compromis est une action impliquant des concessions réciproques) = si c’est toujours ou très souvent la même personne qui doit « plier » ou renoncer à ses choix premiers pour accepter ceux de l’autre, il se peut que, dans la durée, un sentiment d’injustice, de la rancœur, de la colère, une dépression, une infidélité, une séparation ou autre survienne.

Sans pour autant entrer dans une comptabilité de « qui a fait le plus de compromis ? », qui est difficilement quantifiable, il apparaît important quand même de se demander quelles conséquences la fréquence et l’inégalité vécues de la compromission peut avoir au sein du couple.

  • Acceptable sur une échelle de valeur = la question ici est de savoir si nous renonçons à un désir ou un besoin car les enjeux ne sont pas du tout les mêmes.

Renoncer à des désirs fait parti d’une réalité : nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous désirons. Par exemple, nous ne sommes pas d’accord sur les critères de location d’une maison de vacances (piscine, proche de la mer ou autre) ; je décide d’accepter le choix de mon conjoint ce qui m’amène à renoncer au mien. Je vais donc quand même partir en vacances mais ne vais pas cocher toutes les cases de mes désirs.

En revanche, renoncer à des besoins implique un renoncement à soi-même. Par exemple, le besoin de lien social, s’il est bafoué voire interdit par l’autre est une grande violence pour soi. Un besoin n’est pas un caprice ou un désir auquel on peut renoncer. Un besoin est un incontournable pour soi, pour son équilibre de vie. Faire le choix de ne pas écouter un besoin est un grand risque personnel car la conséquence peut être très grave.

Pour information, nous pouvons nous-mêmes renoncer à nos propres besoins ; il s’agit de destruction personnelle, « d’auto-sabotage ». Dans ce cas, il semble important de faire appel à un professionnel pour comprendre quels mécanismes se mettent en place en nous et comprendre pourquoi nous enrayons systématiquement notre droit au bonheur.

Pour conclure sur le thème du compromis, il convient alors de clarifier pour soi et pour l’autre, ce qui demande des efforts, ce qui semble équilibré et déséquilibré, ce qui est de l’ordre du désir ou du besoin. Cette dernière notion me paraît particulièrement importante pour ne pas se renier soi-même et éviter d’adhérer à des situations inacceptables.

La compromission devrait alors pouvoir se vivre comme un renoncement acceptable au cœur d’une relation équilibrée et épanouissante grâce à une communication claire à ce sujet.